Il était une fois… une étoile.
Si lointaine, si perdue au fin fond de l’univers qu’elle tentait de briller de toutes ses forces, car une lumière émanait d’elle, un souffle, un Esprit.
Elle savait qu’elle était faite d’une matière spéciale, d’une argile du cosmos, capable d’irradier de l’énergie et de la diriger vers qui en aurait besoin. Une énergie si pure que les humains depuis la planète Terre l’appelait Espérance.
Alors elle rayonnait tant qu’elle pouvait, réfléchissant aussi loin qu’il lui était possible car elle souhaitait que quelqu’un sur cette planète la voie, reçoive sa lumière et avec elle, l’Espoir.
Elles étaient des milliards à rayonner ainsi, envoyant non seulement l’Espérance mais ouvrant aussi les portes à la Bonne Connaissance.
Car elles avaient également la vertu d’inspirer l’Homme.
Dans leur immobilité apparente, dans leur constance, dans la permanence de leur Signal et donc dans leur Présence qui semblait immuable, l’humain se tranquillisait et son cœur s’ouvrait.
Mais les hommes vaquant à leurs préoccupations, fiers de leurs petites productions, avaient oublié la magie du ciel et l’enseignement du vaste univers ; ils regardaient de moins en moins les étoiles.
Celles-ci alors, ne pouvant accomplir leur Dessein et se sentant inutiles, parfois se laissaient aller à mourir.
Notre petite étoile lointaine était de celles-là. Elle avait beau irradier cette lumière de toutes ses forces, nul regard humain ne parvenait jusqu’à elle.
Après une dernière tentative infructueuse, elle décida d’interrompre son parcours, de dissoudre cette argile si spéciale dont elle était faite et de s’en aller glisser vers d’autres mondes où pourrait l’attendre une autre mission.
Elle s’arrêta de briller et se laissa donc aller en rotation libre dans l’univers sans fin.
Elle se sentit chuter, irrémédiablement attirée par la planète terre. Celle-ci agissait comme un aimant et alors qu’elle aurait dû errer dans le vaste espace en quête d’une entrée, l’étoile était étrangement attirée là, sans aucune autre possibilité de trajectoire.
Elle se laissa faire, cessant toute opposition, toute lutte, tout vouloir.
Parvenue aux abords de la terre, elle fut en mesure d’entendre le cœur des hommes. Elle perçut la clameur, l’appel désespéré, pour un espoir, pour l’Espérance.
Elle sentit les regards intérieurs, tendus vers les profondeurs, perdus dans l’obscurité sans phares ; elle vit les regards extérieurs lancés vers les étoiles pour y chercher le réconfort.
Les Humains avaient la vue courte. Ils ne voyaient que quelques milliers d’entre elles, alors qu’elles étaient des milliards à briller pour eux. Pourtant, plus elle s’approchait, plus elle sentait qu’un appel précis lui était destiné.
Et soudain, elle l’identifia : tout petit, recroquevillé, tâchant tant bien que mal de se protéger du froid si cinglant du désert dès que le soleil disparaît derrière les dunes.
Il était là à contempler le ciel, comme il le faisait chaque soir et une longue partie de la nuit. Une nuit spéciale, il avait atteint un si profond silence qu’il avait pu faire voler son âme jusqu’aux confins de l’univers. Là, il avait trouvé « son » étoile, si lointaine qu’elle semblait briller à peine, mais qui avait scintillé pour lui cette fois-là dans une expérience indicible. Il l’avait entendue cette autre nuit lorsque, fondu dans ce silence, il avait pu voler à nouveau. Et cette autre fois encore où il avait eu tant besoin d’aide, qu’il avait cru qu’elle était là pour lui.
Ce soir-là, il avait atteint cet espace de silence infini ; il savait désormais comment s’y rendre. Il avait laissé son âme s’élever, à nouveau il était transporté…
Mais l’Étoile n’était pas là.
« Impossible que meure une étoile ! », pensa-t-il.
Son cœur se mit à douter et à battre à tout rompre, car il le sentait jusqu’au tréfonds de lui : elle n’était plus là ! Alors il l’appela de toutes ses forces, envoyant son âme toute entière à sa recherche. Il rompit le silence pour crier que sans un signe d’elle, il se croirait à jamais seul dans ce vaste univers. Du plus profond de son cœur fleurit et grandit une Demande : « montre-toi ! ».
L’étoile tombante entendit l’appel. Elle sut qu’elle n’avait pas brillé en vain. Elle constata qu’elle accomplissait son Destin lorsqu’elle était tout là-bas dans le Lointain… Comment avait-elle pu en douter simplement parce qu’elle n’avait pas entendu l’écho ? Si loin et pourtant si proche dans le cœur de cet enfant…
Elle entendit le désespoir dans lequel il allait plonger si elle disparaissait. Mais elle savait que poursuivant sa course, sa chute était irrévocable, elle ne pourrait plus repartir en d’autres cieux. Qu’importe : il fallait qu’elle se donne toute entière, qu’elle se consume si vivement que le Message d’espoir marquerait le cœur de ce petit d’homme et y laisserait une empreinte indélébile.
Elle fit coïncider sa chute à la stridence silencieuse de ce cœur assoiffé de beauté et d’espoir.
Au moment où elle pénétrait l’atmosphère, pour lui offrir un signe qu’il pourrait percevoir, dans un ultime effort de rayonnement, elle se transforma en une immense étoile filante.
Elle donna un tel élan à ce geste d’amour qu’elle traversa tout le ciel étoilé, comme au ralenti, prolongeant sa trajectoire d’une longue traîne faite des dernières poussières de son essence lumineuse.
Les yeux écarquillés par une telle beauté et l’incroyable pertinence de la réponse à sa demande, transporté par la certitude et la Présence manifestée d’une autre Intention que la sienne, l’enfant remercia, remercia et remercia encore…
Sa reconnaissance était si profonde qu’un chant s’éleva de son cœur et que la Musique des sphères fit écho au rayonnement céleste.
On dit que les autres étoiles, toutes ensembles, perçurent la gratitude de ce petit homme et en frémirent de plaisir.
On dit que, depuis lors, l’enfant grandit en parcourant le monde et qu’on s’étonne de voir dans ses yeux comme de la poussière d’étoiles.