(Tous les textes ci-dessous sont en grande partie extraits du discours de Silo sur le thème de la réconciliation, au terme de trois jours de retraite et réflexion sur le sujet, à Punta de Vacas, dans la cordillère des Andes, en Argentine. On retrouve l’intégralité du discours sur silo.net)
Dans ces relations douloureuses que nous avons subies, nous ne sommes pas en train d’essayer de pardonner ni d’être pardonnés.
Pardonner exige que l’un se place depuis une hauteur morale supérieure et que l’autre s’humilie face à celui qui pardonne. Il est clair que le pardon est un pas plus avancé que celui de la vengeance, mais il ne l’est pas autant que celui de la réconciliation.
Nous ne sommes pas non plus en train d’essayer d’oublier les offenses qui ont eu lieu. Il ne s’agit pas d’essayer de falsifier la mémoire. Il s’agit d’essayer de comprendre ce qui s’est passé pour passer au pas supérieur de la réconciliation.
Si ce que nous cherchons, c’est la réconciliation sincère avec nous-mêmes et avec ceux qui nous ont blessés profondément, c’est parce que nous voulons transformer notre vie en profondeur. Nous recherchons une transformation qui nous sorte du ressentiment.
Ceci requiert une grande compréhension et un total rejet de la violence.
Se réconcilier, c’est reconnaître tout ce qui s’est passé et se proposer de sortir du cercle du ressentiment. C’est promener son regard en reconnaissant les erreurs en soi et dans les autres.
Se réconcilier en soi-même, c’est se proposer de ne pas passer deux fois par le même chemin, mais être disposé à réparer doublement les dommages produits.
La réconciliation n’est pas forcément réciproque entre les personnes. La réconciliation avec soi-même n’a pas non plus toujours pour conséquence que les autres sortent de leur cercle vicieux.
Avec quoi devrions-nous nous réconcilier ?
Les frustrations vécues ? Les échecs ? Les erreurs ? Les faiblesses ? Les actes manqués ?
Ce peut aussi être en rapport avec les actions incohérentes que nous avons faites en provoquant de la souffrance chez les autres, ou avec le mauvais traitement reçu de la part d’autres et qui nous a profondément blessés.